14 avril 2013
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Elle en avait marre
La statue
De faire le pied de grue
De rester plantée
Sans bouger
A regarder les gens passer
Un beau soir d’été
Aux douze coups de minuit
Elle est descendue de son piédestal
Et s’est fait la malle
Dans l’intention bien arrêtée
De jouir c’est vital
De ce moment de liberté
Toute la nuit elle a fait la fête
Quand elle est revenue au petit matin
Légèrement pompette
Elle n’arrivait plus
Malgré ses efforts répétés
A grimper sur son rocher
Devant ce spectacle incongru
Je n’ai pu rester de marbre
Je suis parti tout de go
L’aider à monter sur son plot
Le lendemain quand elle m’a aperçu
Elle m’a fait un clin d’œil complice
Ses yeux plein de malice
Se sont fixés
Sur l’horloge du quartier
Ayant pris goût à sa nocturne promenade
Elle attendait d’un air réjoui
Que les coups de minuit
Lui donnent le signal de sa nouvelle escapade
extrait de " siffleur de lunes "
Published by salvatore sanfilippo
6 avril 2013
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SOLDES Léon-Gontran Damas
(Pour Aimé Césaire)
J'ai l'impression d'être ridicule
dans leurs souliers
dans leurs smoking
dans leur plastron
dans leur faux-col
dans leur monocle
dans leur melon
J'ai l'impression d'être ridicule
avec mes orteils qui ne sont pas faits
pour transpirer du matin jusqu'au soir qui déshabille
avec l'emmaillotage qui m'affaiblit les membres
et enlève à mon corps sa beauté de cache-sexe
J'ai l'impression d'être ridicule
avec mon cou en cheminée d'usine
avec ces maux de tête qui cessent
chaque fois que je salue quelqu'un
J'ai l'impression d'être ridicule
dans leurs salons
dans leurs manières
dans leurs courbettes
dans leur multiple besoin de singeries
J'ai l'impression d'être ridicule
avec tout ce qu'ils racontent
jusqu'à ce qu'ils vous servent l'après-midi
un peu d'eau chaude
et des gâteaux enrhumés
J'ai l'impression d'être ridicule
avec les théories qu'ils assaisonnent
au goût de leurs besoins
de leurs passions
de leurs instincts ouverts la nuit
en forme de paillasson
J'ai l'impression d'être ridicule
parmi eux complice
parmi eux souteneur
parmi eux égorgeur
les mains effroyablement rouges
du sang de leur ci-vi-li-sa-tion
Pigments. Névralgies, 1972, éd. Présence Africaine
Published by salvatore sanfilippo
1 avril 2013
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Ma rondelette
Ma grassouillette
Faisons fi des canons
De la beauté
Ma corpulente
Ma débordante
Ignorons ces mannequins
Sur papier glacé
Ma plantureuse
Ma moelleuse
Viens festoyer dans mes bras
Ma potelée
Mon enveloppée
Faisons bonne chère
De tes chairs généreuses
Ma gironde
Ma féconde
Fais moi connaître l’ivresse
De tes royaumes infinis
extrait du recueil " A tous les contrariés "
Published by salvatore sanfilippo
24 mars 2013
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petit bonhomme
Navet pas un sou
Navet pas un toit
Navet pas d’ami
Navet pas d’épouse ( de soja )
Pour lui
Ce fut
La fin
Des haricots
Published by salvatore sanfilippo
26 février 2013
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Samedi 9 mars 20heures
salle polyvalente Etoile sur Rhône
« A tous les contrariés »
spectacle poétique mis en scène par
le théâtre des collines
(textes de Salvatore Sanfilippo)
Published by salvatore sanfilippo
23 février 2013
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Dans le cadre de Semaine de la langue française et de la Francophonie – 16 au 24 mars 2013-, la revue FLORILEGE vous propose de jouer avec les dix mots proposés pour cette édition.
ATELIER – BOUQUET – CACHET – COUP DE FOUDRE – EQUIPE – PROTEGER – SAVOIR-FAIRE – UNIQUE – VIS-A-VIS – VOILA
Adresser à la revue, avant le 10 février, un texte comportant ces 10 mots sur l’un des thèmes :
« Une histoire à dormir debout » ou « On a fêté Noël » sous la forme d’une courte prose de 10 lignes, ou d’une courte pièce de 10 vers.
La revue FLORILEGE publiera les 20 propositions que le Comité de lecture estimera les plus amusantes, les plus inattendues. Chaque participant non abonné publié recevra un exemplaire de la revue..
Voila, je te raconte comment ça s’est passé. On a fêté Noël à l’atelier. J’avais troqué mon bleu et ma casquette contre un costard cravate. J’avoue que ça me donnait un certain cachet.
Il y avait toute l’équipe : ouvriers chefs, directeur, et même le patron avec « sa protégée «.
Moi j’étais assis en vis à vis avec un type, insignifiant, sans conversation. Je m’emmerdais sec. Je zieutais la standardiste qui servait les plats avec grâce, élégance et un certain savoir faire. J’ai eu le coup de foudre. Pour me faire remarquer et voulant saisir cette chance unique qui se présentait à moi, je suis allé prendre un bouquet de fleurs qui trônait dans un vase pour le lui offrir, mais je me suis pris les pieds dans le tapis et patatras ! sur les bûches ... Tu vois le malaise...
Depuis, au boulot, on m’évite... mais je m’en fous... Car je sors avec... la standardiste
Published by salvatore sanfilippo
8 février 2013
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Me suis retrouvé
L’autre soir
Par hasard
Aux toilettes publiques
Avec quatre malabars
A la mine patibulaire
Aligné en rang d’oignons
Devant l’urinoir
Pas facile de pisser
Dans ces conditions
Et s’ils leur prenaient l’idée
De m’attraper par le colback
pour rigoler
(On rencontre toujours des gens
Qui font des choses insensées
Pour rigoler)
J’aurais l’air fin
Projeté entre leurs bras musclés
Le pantalon déboutonné...
Ne pas céder à l’angoisse
Chasser ces idées incongrues
Ne pas croiser leur regard
Se dépêcher de pisser
Sans mouiller ses godasses
Et se barrer en sifflotant
Pour se donner contenance
Published by salvatore sanfilippo
27 janvier 2013
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Toby
Tu m’exaspères
T’arrêtes pas
De faire des trous dans mon jardin
De déterrer mes salades
Tu sautes sur le canapé
Avec tes pattes pleine de boue
Tu te frottes contre moi
Après t’être roulé
Sur tous les crottins
Du canton
Toby
Tu pisses aux quatre coins de la maison
Tu te fais les dents sur mes godasses
Qui finissent pas la semaine
Tu refiles des puces aux enfants
J’ai d’autres chats à fouetter
Que de réparer tes conneries
Toby
Tu me ridiculises devant les invités
En prenant le contre pied
De ce que je t’ordonne
J’ai un mal de chien à te faire obéir
Tu n’es pourtant pas un mauvais cheval
Toby
Tu dévores
Tu baffres comme un goinfre
Ca me coûte une fortune
Tu aboies
Tu montres les dents au facteur
C’est pourtant le même depuis quinze ans
Toby
Tu feras moins le malin
Quand tu te retrouveras
Dans un restau chinois
Servit dans une sauce au gingembre
Et un bouquet de persil dans la truffe
Published by salvatore sanfilippo
13 janvier 2013
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REINCARNATION
Mon chat
M’a dit
Qu’il s’était réincarné
En ce bas monde
Pour m’aider
A retrouver grâce
Au yeux du tout puissant
Qu’il fallait
Pour ne pas finir en enfer
Proscrire l’alcool
La cigarette
Et les femmes
( Les femmes aussi ?)
Que j’arrête de jurer
A tout bout de champ
J’ai changé de comportement
J’ai banni tous les vices
Mon attitude
Est maintenant exemplaire
Tout le monde
Peut en témoigner
Je récite des mantras
Du soir au matin
Sous l’œil bienveillant
De mon chat
Qui opine du chef
Je ne bois plus
Je ne fume plus
Je soigne mon langage
Et quand je croise
Une belle amazone dans la rue
Je ne grimpe pas aux rideaux
En poussant des cris gutturaux
Je suis devenu un vrai saint
Prêt à gagner le paradis
Mais non sans avoir
Auparavant
Goutter
A deux
Ou trois
Plaisirs de la vie
Faut pas déconner
Merde
Published by salvatore sanfilippo
4 janvier 2013
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C’est le chat qui commande
Chez moi
Sans dire un mot
C’est fortiche
Tout dans le regard
Il est champion
de la transmission de pensée
Avec ses yeux il dit
Apportez moi des croquettes
Et on lui apporte des croquettes
Changez moi ma litière
Ouvrez moi la porte
Puis satisfait
Il va se coucher
Sur le fauteuil du salon
Près du feu
La meilleur place
Le salaud
Pendant que moi
Je me gèle les miches
A l’autre bout du canapé
Alors c’est fatal
Toute la journée
Je suis de mauvais poil
Elle l’a bien remarqué
Ma femme
Que je suis pas
A prendre avec des pincettes
Normal
Comment voulez vous
Que je fasse des risettes
Quand j’ai l’impression
D’être la dernière roue
De la charrette
Published by salvatore sanfilippo